Mes pattes aux foulées amples projettent de la terre sur mon passage. Je suis en chasse et entièrement concentré sur ma proie un lièvre bien dodu qui file à toute allure vers les fourrées les plus proches. Je galope à toute vitesse pour rattraper ce gibier alléchant qui semble me narguer de sa vélocité. Mes pattes résonnent lourdement sur le sol meuble tandis que je me meus comme le prédateur que je suis. Mes yeux brûlent de convoitise et de haine pour le petit herbivore qui m'épuise et parvient étonnamment à me tenir tète. Je sens mes muscles puissants rouler sous ma peau et se tendre sous l'effort. Je jette toutes mes forces dans ce duel entre la proie et le chasseur. Bien déterminé à ne pas rentrer bredouille je parviens à combler peu à peu l'écart qui nous sépare et redouble d'efforts pour abattre le petit animal. Je me prépare à bondir au moment le plus opportun sur le lièvre. Ce que je fais une seconde trop tôt ce qui permet à l'herbivore de me filer entre les pattes. Je peste de dépit avant de me lécher le poitrail. Je rentre au camp du clan morose et dépité.

L'aube n'est pas encore levée pourtant je suis déjà debout alors que les guerriers et guerrières du clan dorment à pattes fermées à l'instar des chasseurs et de tous les loups du clan. Enfin, tous pas tout à fait puisque Souffle d'Airain se réveille brusquement sur mon passage et me suit nonchalamment sans que je n'ai besoin de lui demander quoi que ce soit. Mon seul ami et ancien apprenti n'a pas besoin de mots car il sait ce que je vais faire et s'invite de lui même. Il est bien le seul membre du clan qui puisse se le permettre sans que je ne m'en offusque. Je souris d'un air carnassier légèrement moqueur en le contemplant et il cesse de bailler avant de prendre une posture droite et fière. Je préfère cela. Je m'élance hors du camp après avoir salué la sentinelle de garde et ne tarde pas à galoper dans l'air frais matinal mon ancien apprenti sur les talons. Nous galopons à toute allure comme pour nous dégourdir les pattes après une nuit de sommeil avant de ralentir dans les bois. Je lui indique la zone qu'il doit ratisser d'un simple signe de tète tout en souriant avant de me mettre moi même à ratisser ma propre zone de traque avec confiance. Une belle journée s'annonce et Senka marche dans nos pas. Elle est avec nous j'en suis persuadé. Je ne doute pas que les épreuves que traversent le clan ne sont que des tests qu'elle nous impose pour mesurer notre foi envers elle. Je laisse mes sens faire leur travail tout en étudiant des traces fraîches. Mais c'est le hurlement de Souffle qui lance la traque commune. Je m'élance dans sa direction et le rejoins tandis qu'il s'est lancé à la poursuite d'un daim. Nous galopons cote à cote à la poursuite de la proie et je savoure cette coordination à sa juste valeur. Nous la harcelons de nos crocs en saignant ses pattes et ses jarrets pour l'affaiblir et le faire ralentir. La tactique d'usure ne tarde pas à porter ses fruits et l'animal épuisé avance moins vite. Je fais abstraction de ma propre fatigue et continue d'harceler le daim. Souffle plante fermement ses crocs dans une patte et le daim bascule sur le coté. Je bondis sur la future carcasse et laisse mes armes faire couler le sang avant de l'achever. Je traîne la proie avec le loup gris et nous rentrons au camp fiers de notre prise.